TRISTAN TZARA

from Midis gagnés

Translated from the French by Heather Green



On the Spot

on the tree of your arms
in the bastion of your freedom
on the remorseless eyes
like a flaw in the face
that would leave exposed
the window’s tears the resin
of mirrors defenseless
where too much hysterical laughter
has soaked into the void
has loaned to stones
the necks of those drowned
by the wave of conquests
that carries the abyss
up ahead pendant
of dismantled towers
and animal fossils
caught like doors
in the powder of the years
crumbling ice
root or memory

but from the childhood of numerals
of glass branches
of the waistlines of bees
sewn from thin flames
to the hour of departure
who knows the birth the sudden doubt

no it’s not a waste of time
in the hollow of pain
to win the delay
on the little boat of moneyboxes
moneyboxes of fear
no it’s not the back alley of wine
nor the marquee of amorous
oblivion dovecote
of long-gone colonies
who will lose his head
to the spring that wipes the windowpanes
along the tracks of the wild boar
where the paths break

piled up on the balcony
heavy soot from toy wings
the past
dusting the malicious joy
that gives the mocking air
wakes up under the fire

no one but no one
but nowhere the lion’s share
no order
the debris
the flight
the bud is on its guard
to the press of patience
that the sweet looks wring
at the wish of the weeping woman
night of rooftops grown up under rock
that whirs

Sur le champ

sur l’arbre de tes bras
dans l’enceinte de ta liberté
sur les yeux sans remords
comme une faille du visage
qui laisserait à découvert
des larmes de fenêtre
la résine des miroirs
où trop de fous rires
ont trempé dans le vide
ont emprunté aux pierres
les cous des noyés
sur l’onde des conquêtes
que porte l’abîme
en tête pendeloque
des tours démantelées
et des bêtes fossiles
agrippées comme des portes
dans la poudre des ans
s’émiette la glace
racine ou mémoire

mais de l’enfance des chiffres
des branches de verre
des tailles d’abeilles
cousues de fines flammes
à l’heure du départ
qui sait la naissance le doute soudain

non ce n’est pas peine perdue
au creux de la douleur
gagner le retard
sur la barque des tire-lires
tire-lires de la peur
non ce n’est pas la ruelle de vin
ni le fronton de l’oubli

amoureux pigeonnier
des ruches anciennes
qui feront perdre la tête
au printemps qu’essuient les vitres
sur la trace des marcassins
où se brisent les chemins

amassé sur le balcon
lourde suie des ailes naines
le passé
saupoudrant la joie maline
que se donne l’air moqueur
se réveille sous le feu

personne mais personne
mais nulle part la part du lion
aucun ordre
les débris
la fuite
le bourgeon est sur ses gardes
au pressoir de la patience
que les doux regards essorent
à l’envie de la pleureuse
nuit des toits grandie sous roche
qui bourdonne

To the Birth of the Shadow

fears torn apart in the slow forges’ gold
arborescent rust to cover up oblivion
where are they buried

the power of thoughts deep down in the seas
already underneath the salty rays
flaming whips bow and bend
pulled back toward the surface

what iron-shod laughter gallops in the foam
starfish spaces
disfigured anvils
extend the slender beauty of the women in the rain
beyond silence
the stippling of their plaintive echoes
illuminates the ice

the wind bedevils its wings
so someone manages to see
where the stars drink
like a bitter belief

but as long as holly populates the wild alhambras
the winter of your hair
untranslatable forest at the pinnacle
the childrens’ lives the sower replies
to the multiple belts of flares
that man lets fly in the singular voracity of his night

brush off the mossy hours
it must be said as soon as the forest
wakes up shaking the catkins of its noises
clip clop open open
you who never opened not the road’s amber
nor your eyes to the splendor where neon lights

bathe the threshold of the infirm waves
train your ranks of clocks and bees
o infinite children of vernal triumphs
flaming arrows haven’t yet subdued

and yet you will come upon the watchwoman the sage
enter river criers the mill isn’t lying down
like the sun at the feet of a master
behind the thousand legs of the roof removed in honor
of antique erasers the ravished straw
drawing blood from our ivory age
where the great rat gnaws stubborn in the padlock of the earth

À la naissance de l’ombre

les craintes déchirées dans l’or des forges lentes
où sont-elles enfouies
elles ont couvert la rouille arborescent oubli

la force des pensées à l’intérieur des mers
déjà sous les faisceaux de sel
s’inclinent les flamboyants fouets
ramenés à la surface de la terre

que les rires ferrés galopent sur l’écume
où l’astérie des places
enclume défigurée
prolonge la beauté fluette des femmes sous la pluie
plus loin que le silence
ce sont les pointillés de leurs plaintifs échos
qui illuminent la glace

le vent embrouille ses ailes
que l’on n’arrive à voir
où boivent les étoiles
comme une croyance amère

mais tant que le houx peuplera d’alhambras sauvages
l’hiver de ta chevelure
intraduisible forêt à clochetons
la vie des enfants répond la semeuse
aux multiples embrasements des courroies
que l’homme se laisse aller à la singulière voracité de sa nuit

il faut dire lorsque la forêt enlevez les heures de mousse
réveille les secouant les chatons de ses bruits
clopin clopant ouvrez ouvrez
vous qui n’ouvrez ni l’ambre de la route
ni les yeux à la splendeur où baignent
les lampes de néon au seuil des vagues infirmes

formez vos rangs de cloches et d’abeilles
ô infinis enfants des printaniers triomphes
que les flèches de feu n’ont pas encore soumis

alors vous trouverez la veilleuse de sauge
entrez crieurs de rives le moulin n’est pas couché
comme le soleil aux pieds du maître
derrière les mille pattes du toit soustrait à l’honneur
des gommes antiques la paille des ravis
tirant le sang du temps ivoire de nos âges
où ronge le grand rat buté dans le cadenas de la terre

Walking Horizon

then the clouds rolled in
young is the night that is to say
a cellophane softness ensued
which blew across the sky like wisps of straw
their firearms – a job well done
young is the night

and when the circus tent begins to blaze
beneath your eyes speak no more about the delicate acrobat
young is the night that is to say
the blind snails sniffing in pairs
went off to fields in search of worthless graves
forgotten in the bones of forgetting
that is to say

wasn’t it only the pride of the night that mattered
to the carbon silences to the forests traveled
the spurs of thorns that is to say
that douse against the tree the roads' monotony
young is the night
stuff chimneys of ships with roads
hands over hands open flames
braid the universe of eyes
young is the night hammered with firebrands
words cloud the face in ash
once the somersault sun ceases to know itself

dragged kicking and screaming
short horses you’ve become roads
and so along whole horizons armed with new zoologies
tender waters are reborn in spasms of thoughts of stone
the circus winnowing the grimaces of memory

Horizon ambulant

lorsque les nuages arrivèrent
jeune est la nuit si l’on peut dire
il se fit une douceur de cellophane
qui emporta le ciel comme fétus de paille
ses armes à feu – du travail bien fait
jeune est la nuit

et quand la tente du cirque se mit à flamber
sous les yeux n’en parlons plus de la fine acrobate
jeune est la nuit si l’on peut dire
les escargots aveugles par paires flairant
s’en furent aux champs chercher les tombes mortes
oubliées dans les os de l’oubli
si l’on peut dire

n’était-ce la fierté de la nuit qu’importent
aux silences du charbon aux forêts parcourues
les éperons d’épines si l’on peut dire
qui éteignent contre l’arbre la longueur des routes
jeune est la nuit
emplissez de routes les cheminées des navires
mains dans les mains les flammes sont ouvertes
dont on tresse l’univers des yeux
jeune est la nuit plantée de tisons
les paroles se couvrent la face de cendres
quand le soleil saut périlleux cesse de se connaître

à son corps défendant
chevaux brefs vous voilà routes
telles que par horizons entiers armés de nouvelles zoologies
les eaux tendres renaissent aux secousses des pensées de pierre
le cirque vannant les grimaces de la mémoire

Research

braiding the noontime with these solitudes
artisans of light keep watch
at the crossroads of nails
wouldn’t i have already called you to account
for a land so full cicadas bear your fiery armor
into the dazzling atmosphere of the glare

farther beyond the sugar towns
in the sundays of their smallness
these are the fibers of terror
and me i could play the harp
on the mane of their distance

like the athlete at the center
the screwed-in light
death raises up nights
spent in renunciation

night knocked in the maternity of its mind
deposits in vultures’ births its dense silence
as searing as thick
as the time of contempt
that surrounds the ivy the moment it rains
the time the vellum’s happy with the smooth thought

forbidden days
i use my memory to track back to the edge of your knives

Recherches

tresser le midi des présentes solitudes
artisans de lumière guettés aux carrefours des ongles
ne vous aurais-je déjà mis sur le compte des terres pleines
que les cigales porteraient votre armure de feu
au comble de l’éblouissement

plus loin au delà de villes sucrées
dans les dimanches de leur petitesse
ce sont les fibres de la terreur
et moi jouerais-je de la harpe
sur la crinière de leur éloignement

comme l’athlète au centre
la lumière vissée
la mort soulève les nuits
passées dans des renoncements

la nuit frappée dans la maternité de son sens
dépose par couches de vautours son épais silence
aussi fulgurante aussi drue
que l’heure de mépris
dont s’entoure le lierre au moment de la pluie
et où se plaît le vélin de la pensée lisse

jours interdits
j’use ma mémoire à retrouver le tranchant de vos couteaux


Tristan Tzara (1896–1963) is best known as the co-founder of the Dada movement and author of many of its most influential poems and manifestoes. After the peak of the Dada movement, he had a brief and contentious affiliation with Surrealism and worked as a prolific lyric poet for the rest of his life. Tzara was born and raised in Romania, where, because of his Jewish identity, he could not own land or hold a passport. In 1915, he moved to Zurich and began to write in French and perform in the Cabaret Voltaire. In 1919, Tzara brought Dada to Paris, where he lived almost continuously until his death, writing and working as an art and literary critic, activist, humanitarian, diplomat, journalist, and playwright.

Heather Green's translation of Tristan Tzara’s Noontimes Won will be published in 2018 as the inaugural volume in Octopus Books’ Poetry in Translation series, and her translation of his short collection Guide to the Heart Rail was recently published in a limited-run art-edition by Goodmorning Menagerie. Her poems and translations have appeared in Denver Quarterly, The New Yorker, Poetry International, and many other journals.